LA COMPRESSION DU NERF ULNAIRE AU COUDE
Syndrome canalaire à la face interne du coude
La compression du nerf ulnaire (nerf cubital) au coude est le plus fréquent des syndromes canalaires neurologiques au membre supérieur après le syndrome du canal carpien. Il se manifeste par des fourmillements des 4èmes et 5èmes doigts… Le traitement est le plus souvent chirurgical.
Pourquoi le nerf ulnaire peut-il être comprimé au coude ?
L’articulation du coude étant très mobile, le nerf est soumis en flexion à des forces d’étirement et à une augmentation de la pression locale. Tout élément qui augmente la pression ou étire un peu plus le nerf, va aboutir à des troubles de conduction nerveuse.
Le nerf ulnaire peut être comprimé dans la traversée du coude, soit dans le canal ostéo-fibreux à la face interne de l’articulation, soit par une cause secondaire (séquelles de fracture, inflammation synoviale articulaire,…)
Quels sont les signes et comment fait-on le diagnostic ?
Les signes cliniques de la compression du nerf ulnaire au coude se manifestent par des troubles uniquement subjectifs au début avec des sensations de fourmillements des 4ème et 5ème doigts majorés par la flexion du coude.
Ces fourmillements, d’abord nocturnes, deviennent ensuite permanents puis s’accompagnent de troubles sensitifs objectifs avec diminution de la sensibilité de ces 2 doigts.
A un stade plus avancé, s’installent des troubles moteurs avec atrophie des muscles intrinsèques de la main (fonte du 1er espace interosseux, griffe cubitale des 4ème et 5ème doigts). La perte de force devient importante et gênante fonctionnellement.
Le diagnostic repose sur l’examen clinique avec l’étude de la sensibilité des 4ème et 5ème doigts par des tests spécifiques et l’étude de la force musculaire des muscles intrinsèques de la main.
Le test de mise en flexion du coude (elbow flexion test) est positif s’il reproduit ou aggrave les douleurs et/ou les fourmillements en moins de 30 secondes.
Le cross-finger test (impossibilité de superposer le médius sur l’index) traduit un début d’atteinte motrice.
Le reste de l’examen clinique doit éliminer une autre cause de troubles neurologiques (pathologie cervicale, compression du nerf ulnaire au poignet, …).
Quels examens complémentaires ?
L’électromyogramme (étude de la conduction nerveuse sensitive et motrice) est indispensable pour la confirmation du diagnostic de compression du nerf ulnaire au coude et pour apprécier l’importance de l’atteinte neurologique qui est un facteur de pronostic important. Les radiographies du coude sont utiles si on cherche une cause secondaire susceptible d’être traitée (cal vicieux, ossifications, …).
Les radiographies du coude sont utiles si on cherche une cause secondaire susceptible d’être traitée (cal vicieux, ossifications, …).
Quel traitement ? Médical ou chirurgical ?
Le traitement médical peut être proposé dans les forme débutantes évoluant depuis moins de 6 mois et sans déficit neurologique : port d’une attelle nocturne à 30° de flexion, éviter certains gestes dans la vie personnelle et professionnelle.
Le traitement chirurgical a pour but de décomprimer le nerf ulnaire dans la zone de rétrécissement (neurolyse). Ce geste peut être effectué soit isolément si le nerf reste stable dans la gouttière une fois libéré, soit associé à une libération complémentaire par résection osseuse partielle (épitrochléectomie) ou associé à une transposition en avant.
L’intervention se déroule le plus souvent en ambulatoire sous anesthésie locorégionale du membre supérieur. La cicatrisation demande 12 à 15 jours. En général, aucune immobilisation n’est nécessaire en post-opératoire.
L’évolution est surtout fonction de l’importance de l’atteinte neurologique préopératoire.
Dans les formes débutantes non déficitaires, les symptômes régressent en quelques semaines.
Dans les formes plus sévères, les troubles sensitifs peuvent mettre plusieurs mois à disparaître (6 à 12 mois).
Dans les compressions anciennes avec atteinte motrice, la récupération est souvent incomplète avec persistance de l’amyotrophie, l’intervention ayant eu seulement pour but d’éviter une aggravation.
La reprise de l’activité professionnelle ?
Elle peut s’effectuer au bout du 1er mois post-opératoire, à condition d’éviter la répétition des gestes de flexion-extension.
Quelles complications faut-il craindre ?
C’est une intervention simple dont les complications sont peu fréquentes.
Parfois, persistent des douleurs névromateuses par irritation des branches nerveuses sensitives voisines du nerf ulnaire.
L’infection est exceptionnelle.
L’algodystrophie (membre supérieur douloureux, raideur, hypersudation) est une complication qui peut survenir après toute intervention sur le membre supérieur. Dans la neurolyse du nerf ulnaire au coude, cette éventualité est rare.
La récidive est inhabituelle mais ne peut être exclue.
Une guérison incomplète avec persistance de troubles sensitifs et/ou moteurs n’est pas une complication mais le témoin de la souffrance persistante du nerf qui a épuisé ses possibilités de récupération.